Car Le songe de Déborah, une jeune aveugle, est un très joli conte de Noël écrit par le Tourangeau Patrick Marxuach.
1. Bethléem en effervescence
Depuis quelques jours, Bethléem était en effervescence, car César Auguste y avait ordonné un vaste recensement de son empire. La petite ville de Judée, située à deux heures de marche de Jérusalem, ne désemplissait pas…
Pourtant, alors que le crépuscule tombait sur ses faubourgs, les portes et les volets se refermaient, comme autant de regards sur le monde d’ici-bas.
Il faut dire qu’un vent bien froid venait de se lever…
2. Pas de gite à la ronde
Et nul ne répondait aux appels timides et angoissés de l’homme aux pauvres habits, au visage noble et maigre, qui conduisait un petit âne. Cet animal particulièrement docile semblait porter avec peine une jeune femme à l’adorable visage fait de douceur et de lumière. L’homme avait demandé le gîte, oh… juste un abri pour la nuit leur conviendrait !
Mais les rares âmes qui se présentaient à eux, lorsqu’elles ne gardaient pas le silence, répondaient par des paroles dures et menaçantes. Et le petit groupe, triste et exténué, voyait déjà les dernières maisons de Bethléem se présenter à eux.
3. Le songe
Un peu à l’écart, sur le seuil d’une porte se tenait une petite forme blanche, assise immobile sur une jatte renversée. Aucune vie ne semblait l’agiter, mais les lèvres frémissaient sous l’ardente prière qui chaque soir montait du cœur de cette petite fille, prénommée Déborah ; et son petit cœur disait :
« Quand viendra-t-Il ? Seigneur tout-puissant, quand viendra-t-Il ? Celui que Vous nous avez promis, le Messie, quand viendra-t-Il ? Si peu de chose que je sois, mon Dieu, je serais la première à L’adorer… et à Le servir. »
Depuis quelques minutes, l’homme et la femme étaient arrêtés devant Déborah qui n’avait pas levé la tête. C’était la fille du potier, dans le village. Elle avait à peine douze ans, et depuis sa naissance était aveugle.
4. La rencontre
Ils avaient entendu le murmure de l’enfant, dont deux perles scintillaient dans son regard, tandis qu’un doux sourire éclairait ses traits fatigués. L’homme, ému lui aussi, posa sa main sur la tête de l’enfant en lui disant tout bas :
« Espère, enfant. Celui que tu attends ne saurait tarder… »
Saisie de surprise, la fillette s’est dressée et, dans l’obscurité, ouvre désespérément des yeux sans vie et sans couleur… Quelle était cette fugitive présence où il lui avait semblé respirer un parfum de miracle ?
« Hélas, murmura-t-elle en retombant sur son siège, hélas ! Mon Dieu, comment pourrais-je Le servir avec des yeux sans vie ? »
5. Une nuit particulière
La nuit avait désormais recouvert le village de Bethléem dont on apercevait, au loin, les petites lumières que venaient encadrer les fenêtres closes. Cette fois, Déborah se tenait la tête en direction du ciel, et un sourire à peine esquissé vint illuminer son doux visage.
Il lui semblait percevoir, comme au fond de la voûte étoilée de son cœur, une étonnante clarté dont elle ne pouvait encore découvrir la cause. Etait-ce un songe ?
« Minuit : le miracle est sur terre. Levez-vous, bergers, levez-vous, hommes au cœur pur, réjouissez-vous : le Seigneur vient de naître ! Venez L’adorer… Suivez la scintillante étoile qui vous conduira à une lieue de Bethléem…L’étable qui s’y trouve a misérable apparence, mais c’est là, bergers, c’est là, rois, que le Berger des âmes, que le Roi du monde est né ! Réjouissez-vous ! »
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La nuit orientale résonne de mille chants doux et mystérieux ; le parfum du miracle se répand : tout à l’entour sur les collines les bergers se lèvent, emportent de tendres agneaux dans leurs bras, et, les yeux fixés sur l’étoile sainte, ils s’acheminent vers le lieu qu’elle indique.
6. Le miracle de Noël
Devant la maison du potier, une petite fille qui ne dormait pas a perçu les chants ! Son cœur a tressailli en devinant que le miracle s’est réalisé ; et tout doucement, Déborah, emmitouflée dans son manteau de grosse laine, tente fébrilement de s’engager à tâtons sur le chemin, dans l’obscurité doublement noire pour elle.
Mais si le tintement des clochettes du troupeau, et parfois le son de fifres traversant la nuit l’avaient guidée pour quelques pas sur la route poudreuse, voilà que la mélodie s’amenuisait peu à peu.
Elle aurait tant voulu, la petite fille, s’avancer vers Celui qu’elle attend, auquel elle s’est déjà donnée de tout son cœur ! Mais son pèlerinage avait dû s’achever un peu plus loin, près d’un vieux sycomore.
Voilà déjà une heure ou deux qu’elle se trouve là, toute esseulée, et pourtant déjà loin de la maison familiale. Où est-elle ? Où sont les chants de la nuit ? Plus rien que le silence profond, le silence noir qui enveloppe la petite fille. Exténuée, elle s’endort, lorsque le grincement d’un essieu la tire de son sommeil.
7. Les mages
Arrivait alors une autre caravane, mais celle-ci était venue de bien plus loin. L’un des mages – car il s’agissait d’eux – commanda à son chameau de faire halte, et le silence se fit lorsque petit convoi arriva à sa hauteur.
On aida alors Déborah à se hisser dans une charrette, et l’enfant se rendormit contre un sac doux comme de la soie.
Elle aurait tant aimé venir adorer le Sauveur, Lui faire offrande de son cœur. Mais tout cela était probablement un rêve…
Quand le premier des bergers, guidés par l’Étoile, entrouvrit la porte de l’étable où ses pas l’avaient mystérieusement conduit. Il ne put réprimer un sursaut où se mêlait la joie indicible du but enfin atteint, et le bonheur de contempler un tel spectacle.
Un nouveau-né se tenait là, humblement couché dans la mangeoire qu’un bœuf et un âne semblaient lui avoir offert pour son repos. Et ses parents le couvaient du regard…
L’homme, empli de respect, n’hésita pas un seul instant à poser un genou à terre. En signe d’adoration. Et, tels des pèlerins en marche, les autres bergers arrivaient, un à un. Et se prosternaient de la même façon.
C’est alors que, venus par un autre chemin, les rois Mages arrivent à leur tour, en lente procession, jusqu’à l’étable.
Et Déborah, innocemment, les accompagne…
8. L’adoration des mages
« Venons, adorons le Sauveur que les prophètes avaient annoncé » se disaient de concert les rois mages, à peine dépouillés de leur besace, et des cadeaux qu’ils venaient offrir à l’Enfant-Jésus. Ils ne sentaient plus leur fatigue. Ni leurs jambes lourdes et leurs nuques raides, à force de contempler le ciel durant leur long périple… Dans leurs langues respectives qui leur semblait pourtant commune, ils partageaient la joie que leur périple prenne ainsi fin. Même s’il ne s’agissait là ni d’un sommet, ni d’une cathédrale…
Les rois mages, venus dit-on de trois continents – l’Asie, l’Afrique et l’Europe – présentent leurs cadeaux à l’Enfant Jésus.
Le plus âgé d’entre eux, nommé Melchior, porte une longue barbe. Il lui offre l’or, en hommage à la puissance et la royauté de notre Dieu.
Vient ensuite Gaspar, le cadet. Il apporte dans un flacon précieux l’encens, qui était le présent que l’on offrait dans tous les cultes rendus aux divinités.
Enfin Balthazar est barbu, sans être âgé : il fait l’offrande de la myrrhe, une résine odorante, annonçant la souffrance rédemptrice de la mort et de la résurrection du Christ.
Silencieuse, Déborah est restée derrière. Car elle se rend compte à sa grande honte qu’elle n’a rien à offrir à l’Enfant Dieu. Alors elle se fait toute petite et rend grâce d’être si proche de celui qui vient sauver l’humanité.
Elle comprend confusément qu’on dépose quelque chose dans ses mains : c’est Marie qui, l’espace d’un instant, lui confie un tout petit bébé !
C’est alors que ses yeux s’ouvrent, et elle voit le nouveau-né qui la regarde.
Miracle d’un songe qui vient à la vie, d’une présence attendue qui prend chair !
La fille du potier gardera longtemps dans son cœur le souvenir de cette rencontre, qui vit en elle.
Bien plus tard, elle offrira à Jésus les jarres des noces de Canaa…
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