Douce nuit, sainte nuit, chant révolutionnaire soviétique ? Cette histoire vraie – un vrai miracle de Noël – s’est déroulée en Russie le soir de Noël 1946, dans un camp de prisonniers allemands.

1)Tout de même c’est Noël

Un millier de prisonniers, répartis dans différents baraquements d’un camp entouré de trois rangées de barbelés, sont retenus là depuis des mois et des mois ; ils travaillent dans une mine de charbon.

Ce soir encore, plus que les autres soirs, ils sont remontés épuisés de la mine et se sont allongés sur leur grabat. Ils ne pensent qu’à fermer les yeux, pour se transporter en pensée dans leur pays natal, avant d’essayer de trouver le sommeil.

Quelques-uns d’entre eux, cependant, refusent ce soir de se coucher. Tout de même, c’est Noël ! Ils ont laissé allumée une de leurs lampes de mineur. Elle éclaire la grande pièce d’une lueur vacillante. Maladroitement, ils entonnent une mélodie, un chant de Noël aux paroles immortelles… que le garde entend de l’extérieur… Le cœur n’y est pas, ils sont bien trop tristes, comme l’étaient les Israélites lors de leur exil en Égypte.

Ils ont le mal du pays, mais c’est Noël. C’est à ce moment-là que la lourde porte s’ouvre brutalement dans la chambrée. Un commandant russe entre aussitôt et hurle aux prisonniers :

– En rang, dehors, tout de suite!

Une fois de plus, ils vont être obligés de rester dans le froid glacial pour un appel qui n’en finira pas ! Tous sortent et rejoignent les prisonniers des autres baraquements que l’on rassemble comme des bêtes sur la grande place.

2)Sous les projecteurs

Les hommes s’alignent sous les projecteurs des miradors qui braquent sur eux une lumière violente. Bientôt, on ne voit plus que les silhouettes grelottantes mises en rangs. Au centre, se tient le commandant russe, et, près de lui, son traducteur.

Phrase après phrase, il répète aux prisonniers ce que le commandant hurle à ce bataillon de malheureux hommes amaigris et terrorisés dans la nuit glaciale :

3) Un chant révolutionnaire

– Prisonniers ! Dans votre patrie, on célèbre aujourd’hui une fête. Mais ici, en Union soviétique, on n’a pas le temps de célébrer les fêtes ! Ici, on travaille pour la Révolution. C’est pourquoi je vous ordonne de chanter notre chant révolutionnaire.

Dès qu’il a fini, le traducteur se met à chanter des paroles que les prisonniers ne veulent pas répéter en cette nuit sainte de le naissance de Jésus ! C’est impossible, car Dieu y est absent et rejeté.

Le traducteur le comprend tout de suite en voyant leurs regards et en percevant leurs murmures…

Cependant, une fois terminée la première strophe, il s’arrête et fait signe aux prisonniers de la chanter à leur tour ; levant les bras comme un chef d’orchestre, il s’apprête à battre la mesure…

4) Résistance

Mais tous se taisent. Le commandant s’impatiente… C’est alors que, du milieu des rangs, monte une voix, puis deux, puis cent, enfin mille voix puissantes qui s’élèvent vers le ciel :

Stille Nacht! Heilige Nacht !…
Douce nuit, sainte nuit, Dans les cieux, l’astre luit..
Le mystère annoncé s’accomplit,
Cet Enfant sur la paille endormi…
C’est l’Amour infini.

Le commandant entonne, aussitôt après, une autre strophe de son chant révolutionnaire. Quand il a fini, les prisonniers, comme s’ils répétaient après lui, chantent à leur tour la deuxième strophe de leur cantique de Noël :

Enfant, doux Agneau, Qu’il est grand, qu’il est beau!
Entendez résonner les pipeaux des bergers
Conduisant leurs troupeaux
À son humble berceau !

Dans la nuit noire, illuminée par les projecteurs des miradors, c’est comme un cri de foi sorti de toutes les poitrines. La Bonne Nouvelle s’échappe par-dessus des barbelés vers les steppes russes qui s’étendent à l’infini… Un silence impressionnant suit les dernières notes. Le commandant se tourne alors vers son traducteur et lui pose une question sanglante. Celui-ci répond d’une voix forte, d’abord en russe, puis en allemand,  pour se faire comprendre de tous :

— Oui, commandant, c’était bien notre chant révolutionnaire, mais sur un air allemand. C’est beau !

Les prisonniers respirent, le traducteur ne les a pas trahis, ils sont sauvés !

C’est le miracle de Noël ! Oh, oui, vraiment, le divin Enfant sur la paille endormi, c’est l’Amour infini.

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* Source : d’après un article de la revue Etoile Notre Dame, éditions Téqui


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